KENYA

troubled
waters (2018)

Considéré par certains chercheurs comme le berceau de l'humanité, le lac Turkana (au Nord du Kenya) a été placé en août 2018 sur la liste du patrimoine en péril de l'UNESCO. En cause, une baisse générale et rapide du niveau d’eau de cet écosystème – plus grand lac désertique au monde – dont dépendent environ 500 000 personnes pour vivre.

Pourtant aujourd’hui encore, les menaces fragilisant l’équilibre du lac Turkana sont multiples : inauguration du plus haut barrage hydroélectrique d'Afrique sur son principal affluent, le fleuve éthiopien Omo ; importants projets d’irrigation entrepris par l’Éthiopie pour ses diverses plantations et à cause desquels des pesticides et des résidus de fertilisants vont venir se répandre dans le lac ; importante sécheresse dans la région accélérée par le réchauffement climatique ; explorations pétrolières ; braconnage…

Si certains s’alarment, dont le paléoanthropologue kenyan Richard Leakey (« Je ne crois pas que l'Unesco puisse nous aider. Il faudrait un investissement beaucoup plus important de la communauté internationale qui dise : "Vous ne pouvez pas faire ça au XXIe siècle" »), sur place, les populations locales ne semblent pas avoir idée du drame qui se joue sur leurs terres.

Restées un temps à l'écart du monde, les nouvelles générations de Samburu et Turkana souhaitent pour la plupart accéder à la modernité. Une quête rendue parfois bien difficile par le poids des traditions culturelles, dont l’excision ; des conditions environnementales extrêmes – grande sécheresse à Loiyangalani, inondations mortelles à Wamba – et des difficultés socio-économiques aux conséquences redoutables : chômage, famine, corruption…

Pourtant, pas un jour ne passe sans que ces tribus espèrent dans ce Kenya à deux vitesses : qui abolit d’une part les sacs plastiques en 2017 mais dont les habitants les plus pauvres jouent au golf avec des bouteilles de Coca-Cola vides ; ou qui construit d’autre part le plus grand parc éolien d’Afrique aux abords du Lac Turkana tout en maintenant les populations locales dans l’obscurité.

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